Très populaire dès leurs débuts, les Expositions Universelles étaient de véritables vitrines pour révéler aux yeux du monde les progrès techniques, scientifiques, industriels ou culturels des pays qui les accueillent. Paris a bien entendu été l’une des villes phares à participer à ses événements d’une durée de 6 mois et qui ont accueilli des milliers d’exposants et de visiteurs. C’est ainsi que sont sortis de terre des monuments supposés être éphémères, finalement devenus des incontournables du paysage parisien ! Voyage parmi la Grande Roue, le rhinocéros du Trocadéro ou les structures métalliques de la Belle Époque.
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La première Exposition Universelle parisienne se tient sur les Champs-Élysées du 15 mai au 31 octobre 1855 et met en avant les produits de l’industrie. Commandée par Napoléon III, elle a pour but de faire connaître les progrès des 36 pays représentés mais aussi de concurrencer l’Angleterre Victorienne. Le Palais de l’Industrie, véritable merveille architecturale est construit pour l’occasion à l’emplacement du désormais Petit Palais et restera debout près d’un demi-siècle avant d’être remplacé pour une autre Exposition Universelle.
L’édition de 1867 marque l’apogée du IIe Empire : organisée sur le Champ-de-Mars entre avril et novembre 1867, elle réunit 41 pays. Paris termine sa transformation Haussmannienne et c’est une ville nouvelle, à la pointe de la modernité qui accueille les visiteurs. Essentiellement réunie en un bâtiment principal, un immense ovale avec en son centre un jardin et plusieurs galeries regroupées par thèmes et par pays, le pavillon de l’Égypte et son allée de sphinx font grande sensation. Cette année-là, un nouveau moyen de transport est expérimenté pour faciliter la circulation et perdurera : les bateaux-mouches !
En 1878, l’Exposition est placée sous le signe de la réconciliation nationale et rassemble 16 millions de visiteurs. L’ancien Palais du Trocadéro est construit et six allégories des différents continents bordent la terrasse surplombant le jardin détruit en 1935. Les bronzes animaliers, dont le fameux rhinocéros, se trouvent aujourd’hui devant le musée d’Orsay. Du côté des inventions, on honore la machine à coudre de Benjamin Peugeot et le praxinoscope d’Émile Reynaud.
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L’Exposition Universelle de 1889 ne pouvait être que synonyme du centenaire de la Révolution Française et c’est pourquoi elle se retrouve boycottée par plusieurs monarchies européennes comme l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, La Russie, l’Espagne et bien d’autres. Ce qui n’empêche pas l’événement de rassembler 32,3 millions de visiteurs dispersés sur 50 hectares.
Le symbole majeur est la désormais iconique Tour Eiffel, signée du Dijonnais Gustave Eiffel. Innovante, plus grande tour du Monde à l’époque et véritable révolution dans l’architecture parisienne, de par les 72 noms de savants inscrits à son premier étage, elle célèbre les avancées techniques et scientifiques françaises depuis la Révolution. Cette tour de 3 étages accueille en 6 mois près de 2 millions de visiteurs, tous désireux de découvrir cette nouvelle architecture de fer et la vue depuis ses différents niveaux. Initialement prévue pour être détruite peu après la fin de l’Exposition alors que le Palais du Trocadéro, nouvellement construit également était censé durer, c’est finalement la Dame de Fer qui deux siècles plus tard est l’un des symboles forts de la capitale française.
Mais la bâtisse phare de l’Exposition Universelle de 1889 est la Galerie des Machines. D’une longueur de 420 mètres et pouvant se vanter de posséder la plus grande voûte au monde, elle est une véritable prouesse architecturale. Sa taille titanesque pouvant si désiré accueillir 15 milles chevaux et leurs cavaliers et dont la taille au sol est comparable au parc Monceau étonne la foule et est une véritable démonstration des avancées architecturales avec de nouveaux matériaux.
Autre curiosité de l’exposition est la reconstruction éphémère de la rue Saint Antoine et de la prison d’état la Bastille, symbole de la Révolution Française et détruite un siècle plus tôt. Longeant le Champ de Mars, sa cour intérieure, une partie de la Seine ainsi que l’esplanade des Invalides étaient décorés de couleur bleu roi aux motifs de fleurs de lys.
Au cours de cette édition de 1889, le soutien-gorge est présenté pour la première fois ainsi que de nombreuses machines à vapeur. L’électricité, particulièrement mise en avant par la fontaine lumineuse et colorée de Coutan fait également sensation.
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L’Exposition Universelle de 1900 est la plus importante en France et marque le tournant du siècle : électricité nocturne et fontaines lumineuses émerveillent les visiteurs. Elle est également la première dont on ait une trace cinématographique grâce aux projections de films des frères Lumière sur écran géant et la présentation du Cinéorama. Le progrès avance vitesse grand V et les quelques 50 millions de curieux et 83 000 exposants peuvent emprunter la toute première ligne de métro ! La ligne Vincennes / Maillot est en effet inaugurée et de nouvelles gares facilitent les arrivées aux portes de Paris : celle d’Orsay - désormais transformée en musée - ou des Invalides sont construites tandis que la gare de Lyon s’est refaite une beauté.
Le Petit Palais et Grand Palais sont bâtis sur l’emplacement du Palais de l’Industrie, dernière trace de l’exposition de 1855, le pavillon des Arts Décoratifs est également érigé et une Grande Roue d’un diamètre de 100 mètres se dresse désormais avenue Suffren. Symbole des grands rassemblements, elle est démontée en 1937.
Le Palais de l’Electricité semblant sortir du conte des mille et une nuits avec ses détails en verre, métal et pierres précieuses ne manque pas d’impressionner la foule tandis qu’un trottoir roulant faisant le tour du site est l’une des grandes attractions de cet événement universel. Enfin, les concours internationaux d’exercices physiques et de sports deviennent naturellement les Jeux Olympiques de 1900 qui pour leur 2eme édition se déroulent à Paris. En ce début de siècle, la capitale française est incontestablement sur le devant de la scène internationale à bien des niveaux.
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L’exposition de 1925 est internationale et non universelle, mais elle reprend les mêmes principes. Les Arts Décoratifs et Industriels Modernes sont à l’honneur et c’est ainsi que naît l’expression « Art Déco ». D’avril à octobre 1925, l’architecture et les arts appliqués se confrontent sur l’esplanade des Invalides et les abords des Grand et Petit Palais avec l'étalage de mobiliers ou accessoires. L’architecte Le Corbusier conçoit notamment le Pavillon de l’Esprit Nouveau ainsi que ses équipements.
La dernière Exposition Universelle organisée en France se tient en 1937, avec pour thème les arts et techniques de la vie moderne. Elle a été décidée par le Front Populaire qui, dans un contexte de crise économique et de tensions politiques internationales souhaite un événement de grande envergure pour promouvoir la paix. Mais les mouvements sociaux ont entraîné des retards et incidents au cours des travaux et l’exposition s’ouvre avec un mois de retard. L’événement a tout de même laissé de nombreuses traces dans la capitale comme le Palais de Chaillot, qui remplace l’ancien Palais du Trocadéro, le Palais des musées d’Art Moderne, le Pavillon des Travaux Publics ou encore le Palais de Tokyo.
Des années plus tard, la capitale garde ainsi un bel héritage des différentes Expositions Universelles dont plusieurs bâtiments sont désormais des incontournables du paysage parisien