Niche artistique et artisanale, point culminant de nombreux mouvements révolutionnaires et ouvriers, le 11e arrondissement de Paris est aujourd’hui un quartier très prisé, qui offre la possibilité d’une balade insolite sur sa partie est.
De l’église Saint-Ambroise jusqu’à la place de la Nation, il propose une escapade bohème à ceux qui souhaitent se perdre dans ses magnifiques cours, impasses et passages méconnus, ou explorer ses fameux faubourgs Saint-Antoine et du Temple, où les bonnes adresses et les boutiques sont légion. Le quartier est également connu pour ses bâtiments du 18e siècle construits pour l’aristocratie parisienne, qui ravissent les promeneurs entre le quartier de la Folie-Méricourt et celui de la Folie-Regnault.
La balade commence au métro Saint-Ambroise, prenez la sortie 3.
Dès la sortie du métro, la magnifique église Saint-Ambroise se dresse face aux voyageurs. Son premier clocher fût construit en 1659, puis intégralement réinventé en 1868, donnant une combinaison architecturale mêlant néogothique et néo-byzantin. Outre son esthétique particulière, cette église joua un rôle historique important lors de la Commune de Paris, en 1871, en accueillant régulièrement un club prolétaire et de féministes qui pouvaient s’y donner rendez-vous.
Vous aurez aussi l’occasion de jeter un œil au Jardin des Moines Tibhirine, jardin communautaire situé devant l’église, donnant un air champêtre au quartier.
Église Saint-Ambroise - 71 bis boulevard Voltaire, Paris 11e
Continuez votre périple en empruntant la rue Lacharrière, à droite de l’église, et continuez jusqu’au Square Maurice Gardette.
Ouvert en 1872 à la place des anciens abattoirs de Ménilmontant, ce square doit aujourd’hui son nom à une résistant fusillé en 1941. Malgré son histoire tumultueuse, ce square aux allures bucoliques est un véritable havre de paix niché le long de la magnifique rue du Général Guilhem, où vous trouverez une ravissante cave à vin et autres adresses qui participent aux charmes de la capitale. N’hésitez pas à lever la tête et à entrevoir, derrières les arbres, les immeubles aux devantures fleuries qui entourent le square.
Square Maurice Gardette - 2 rue du Général Blaise, Paris 11e
Sortez du Square au niveau de la Rue Rochebrune et empruntez le passage Rochebrune, à votre gauche.
Le passage Rochebrune est une petite rue secrète nichée au cœur du 11e arrondissement. Vous y trouverez de ravissants petits cafés, une culture street-art assez prononcée, et un calme rappelant les villages de notre campagne française. Au bout du passage, continuez votre périple et découvrez l’agréable passage Guilhem, tout aussi harmonieux et reposant.
Un peu plus loin en arrière, le long de la rue Saint-Maur, la Cité Dupont possède également beaucoup de charme. Cette petite ruelle fleurie est décorée de nombreux cœurs de toutes les couleurs disséminés un peu partout.
Passage Rochebrune, Paris 11e
En parcourant la Rue Saint-Maur, vous tomberez sur l’Atelier des Lumières, centre d’art numérique qui a vu le jour en 2018, à la place de l’ancienne « Fonderie du Chemin-Vert ». Rendez-vous incontesté des parisiens curieux de redécouvrir leurs œuvres favorites projetées par voies numériques dans les 1500m² qui leurs sont conférées, vous aurez l’occasion ici de vivre une expérience immersive mêlant classique et contemporain.
Atelier des Lumières - 38 rue Saint-Maur, Paris 11e
Continuez ensuite votre périple sur la rue Saint-Maur, jusqu’à tourner à droite pour emprunter la Rue Pache.
Le tabac, le chanvre, les cigares, l’opium et toutes les autres substances à fumer n’auront plus aucun secret pour vous lorsque vous aurez passé la porte de ce musée, dont l’exposition permanente est entièrement dédiée aux fumeurs en tout genre et aux nombreuses pratiques auxquelles ils ont recours. Fumeur avéré ou simple curieux de découvrir les pratiques ancestrales, ce musée ouvert en 2001 vaut le détour !
Musée du Fumeur - 7 rue Pache, Paris 11e
Remontez ensuite la rue de la Roquette sur votre gauche, longez le Square de la Roquette, puis tournez à droite rue de la Croix-Faubin.
Vous entrez alors dans le quartier de la Folie-Régnault, qui doit son nom à un riche commerçant bourgeois, propriétaire d’une maison de campagne rue de la Folie-Regnault (appelée autrefois une « folie ») en 1371. N’hésitez pas à flâner entre la rue de la Folie-Régnault et la rue de Mont-Louis où les devantures des boutiques et restaurants qui bien qu’épurés gardent leur charme d’antan. A droite, dans l’impasse de Mont-Louis, des immeubles aux briques rouges entourés de jasmin à la belle saison rappellent inévitablement les beaux quartiers londoniens. Un collage en trompe l’œil prolonge la voie pour une perspective infinie. Un petit coin de tranquillité.
Le quartier, fief de nombreux artisans comme en témoigne la cité du 196 rue de la Roquette se démarque par ses nombreux immeubles en briques rouges où l’air sentait parfois le chocolat, du fait de l’implantation jusqu’à la moitié du 20e siècle de l’usine Suchard, un peu plus loin, rue Mercoeur.
Quartier de la Folie-Régnault, Paris 11e
Le saviez-vous ? En pénétrant dans le quartier, au coin entre la rue de la Croix-Faubin et la rue de la Roquette, vous tomberez devant les 5 dalles de la Guillotine, dernières traces de la célèbre prison de la Grande Roquette, démolie à partir de 1900, et monument phare du quartier de la Folie-Régnault et de la Petite Roquette, prison pour femmes et enfants où se trouve désormais le square de la Roquette.
Les 5 Dalles de la Guillotine - 13-15 rue de la Croix-Faubin, Paris 11e
Retrouvez la rue Léon Front et continuez jusqu’au passage Gustave Lepeu.
Profitez du calme de ces deux passages parallèles, où l’impression de quitter la capitale pour se reposer à la campagne est imminente. Le passage Gustave Lepeu et le passage Alexandrine sont aussi étroits que fleuris, et vous y découvrirez de magnifiques surprises architecturales : des charmantes verrières aux longs murs de lierre, un petit coin de paradis vous attend. Pour les amateurs de skateboard et de trottinette, vous trouverez le grand « Skatepark Charonne » au bout de ces deux passages, rue Emile Lepeu.
Passage Gustave Lepeu et Passage Alexandrine, Paris 11e*
En redescendant le passage Alexandrine, tournez à gauche pour rejoindre de nouveau la rue Léon Frot.
Vous tomberez alors directement sur le bistrot Mélac, véritable ode à l’hédonisme aveyronais, où vous aurez l’occasion de déguster de la charcuterie en tout genre, du fromage à gogo et du vin exquis aux prix raisonnables. Le Mélac détient ses propres vignes, situées sur la toiture du bistrot, et des vendanges sont généralement organisées en septembre : le public est invité pour y participer et venir déguster le fruit de son travail !
Bistrot Mélac - 42 rue Léon Frot, coin de rue Emile Lepeu, Paris 11e
Direction ensuite le 6 rue Emile Lepeu pour découvrir l’endroit où se trouvait jusqu’en 2004 le tout dernier bougnat de Paris. Au 19e siècle, fuyant la misère des campagnes, les Auvergnats arrivent en masse dans les 11e et 12e arrondissements créant ainsi une communauté régionale forte et soudée. Travailleurs acharnés, beaucoup marchands de charbon ou porteurs d’eau se tournent peu à peu vers la restauration et ouvrent près de 2500 cafés-bois-charbon dans toute la capitale. Appelés bougnats par les Parisiens en référence aux origines auvergnates de leurs gérants, on venait y prendre un café bien noir le matin puis un verre de vin blanc l’après midi tout en passant commande pour sa cargaison de charbon ou bois journalière.
Café Charbon Mazout, Outland Bar - 6 rue Emile Lepeu, Paris 11e
Prenez ensuite à gauche pour rejoindre la rue de Charonne.
Le saviez-vous ? Au niveau du 139 rue de Charonne, si vous levez la tête, vous vous rendrez compte de l’inscription du numéro 23 directement dans la pierre. Il s’agit ici de l’un des derniers anciens numéros d’immeubles qui existent encore dans Paris.
De 1641 à 1904, l’actuel « Palais de la Femme » était un couvent, et a par ailleurs accueilli la soeur de l'écrivain Cyrano de Bergerac. Il appartient depuis 1926 à l’Armée du Salut, et accueille chaque jour des femmes en difficulté dans ses 630 chambres. En passant devant le Palais de la Femme, vous découvrirez son architecture hors du commun : un immeuble aux briques roses, ornées de magnifiques céramiques et de verrières d’époque.
Palais de la Femme - 94 rue de Charonne, Paris 11e
Continuez votre périple sur la rue de Charonne afin de rejoindre le passage Lhomme, puis le Faubourg Saint-Antoine, et flânez dans les magnifiques cours qui s’y cachent.
A l’angle du 201 boulevard Voltaire, levez la tête vers le 2e étage de l’immeuble pour découvrir le buste d’un des plus célèbres écrivains français : Alexandre Dumas. Tout autour de cette sculpture se dresse la liste de ses œuvres les plus connues, dont les Trois Mousquetaires, gravée dans la pierre. Cet immeuble, construit une dizaine d’années après le décès du romancier rappelle l’hôtel particulier désormais détruit que le dramaturge possédait un peu plus loin, mais est aussi le symbole de l’impact de ses œuvres dans la culture française. Alexandre Dumas repose désormais au Panthéon.
2 rue Alexandre Dumas, Paris 11e
Située non loin de la rue du Faubourg Saint-Antoine, qui accueillait une grande communauté de menuisiers et d’ébénistes, la rue des Immeubles-Industriels a été construite en 1873 par l’architecte Emile Leménil. Cette magnifique rue est composée de 19 immeubles de 3 étages chacun, tous parfaitement identiques. Autrefois cité ouvrière destinée à offrir de meilleures conditions de vie aux travailleurs, cette rue est aujourd’hui très appréciée des promeneurs qui souhaitent découvrir les pépites architecturales de la capitale.
Rue des Immeubles-Industriels, Paris 11e
Ancienne "place du Trône" en hommage au roi Louis XIV et à la reine Marie-Thérèse d’Autriche, qui revenaient de leur mariage à Saint-Jean-de-Luz en 1660 en passant par cette place, la place de la Nation représente depuis le 14 juillet 1880 un réel symbole de la république française, et un lieu de manifestation incontournable dans la capitale. Les « colonnes du trône » pensées par l’architecte Claude Nicolas Ledoux, ont commencé à être construites en 1787 et servaient de portes pour taxer les marchandises qui rentraient dans la capitale. Symboliquement, la construction de ces colonnes ont aussi été un moyen pour la royauté de prouver sa domination au peuple, aux heures où la Révolution française se préparait. Elle est célèbre pour avoir accueillie l’une des guillotines les plus actives lors de la Révolution française et d'avoir changé son nom le temps de quelques années en la "place du Trône Renversé". On peut désormais y trouver la statue Le Triomphe de la Nation, sculpture monumentale en bronze réalisée par Jules Dalou.
Place de la Nation, Paris 11e